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L’agneau de pré-salé

de François Leclerc

Nous sommes très contents de vous présenter un produit mythique de la gastronomie française : l’agneau de pré-salé, emblème des fins gourmets. Élevés par François Leclerc à Courtils, ces petits coquins bénéficient de pâturages salins, d’une vue sur l’océan et même… sur le Mont-Saint-Michel. Une qualité de vie et d’élevage qui leur confère un goût absolument unique.

En vente sur le Club MoiChef :

Colis surprise - 1/4 d'Agneau de Pré-Salé

Colis surprise - 1/4 d'Agneau de Pré-Salé

Prix Club :

123,00 €

Vente terminée

Présentation du producteur :

Cet article est écrit en direct du bout de terrain de François, qui semble lui-même se trouver au bout du monde. Voilà un spot qui file direct dans le top 3 des meilleurs lieux où nous avons eu la chance de garer notre van (même après un an passé sur les routes de France).


En face de nous, une étendue de prés salins si verts qu’ils feraient bisquer le Pays Basque et rougir l’Ecosse. Sur ces herbus (le nom qu’on donne -notamment- aux vastes étendues qui encerclent la Baie du Mont Saint-Michel), on distingue des centaines de brebis et d’agneaux, comme autant de petits points blancs, bien affairés à cisailler de la salicorne, de l’obione et autres puccinellie, ces plantes dites halophytes (adaptées aux milieux salés).


Au fond ? L’Abbaye du Mont-Saint-Michel se détache sur un ciel plus bleu que les yeux de Romy Schneider et Marc Lavoine réunis (un duo improbable, on vous l’accorde). À sa droite ? Le trop méconnu et mystérieux ilôt Tombelaine, encerclé, lui, deux fois par jour par les marées océaniques. En fond sonore ? Les bêlements incessants (mais néanmoins hyper relaxants) de tous ces petits êtres broutards qui communiquent entre eux. Sans doute, il y a là un agneau qui cherche sa mère, ou son frère. Ou bien un groupe qui indique à un autre l’endroit de la bonne came salée. En fin d’après-midi, les aboiements d’un border collie consciencieux qui cherche à ramener son troupeau à la bergerie. Et puis, des oiseaux aussi. Bref, si on voyait tous ça toute la journée, Christophe André n’aurait plus besoin de travailler.



Temps long et qualité



Du coup, autant vous dire qu’on est contents. Contents surtout d’enfin rencontrer François après des mois de discussions à distance pour solutionner des contraintes logistiques et d’expédition. Surtout, des mois à attendre la bonne saison (de mai à septembre) ; mais notre patience a payé. On était déjà sûrs au téléphone, on en a eu la confirmation en vrai : François est un bon. Un très bon. Du genre à se remettre en question (et à s’en poser plein aussi), du genre à ne pas s’endormir sur ses pré-salés. Du genre, enfin, à chercher à s’approcher le plus possible du vrai. Peut-être est-ce dû à son arrivée récente dans le métier, permettant ainsi un œil neuf et curieux sur les méthodes d’élevage ? Avant ça, François travaillait dans les travaux publics et dans ce boulot-là monsieur, le mantra c’était le volume et la quantité.


Cette voie, il y était rentré sans grande conviction, si ce n’est celle qu’un jour il monterait sa propre entreprise ; peu importe laquelle mais une qui ait du sens et qui privilégierait le temps long et la qualité. C’est suite à la médiatisation de l’AOP Agneaux de pré-salé Mont-Saint-Michel, créée en 2009, que l’idée lui vient. Petit à petit, il entame une reconversion puis de nombreux stages et formations chez des éleveurs, notamment en pré-salé AOP (mais aussi auprès de brebis laitières, agneaux de bergerie, etc). En 2016, il reprend l’élevage et la parcelle, idéalement situés, d’un ancien éleveur parti à la retraite.


Chaque jour, il partage 1 500 hectares d’herbus avec ses voisins, tandis que ses 300 brebis (le plus petit élevage parmi les 25-30 qui existent) cohabitent au milieu de 5 000 autres. Le soir, sur les coups de 17-18h, il faut guetter quand les voisins rentrent leur troupeau pour faire de même. Là, François compte les animaux, vérifie leur identité, reconnait les têtes dures (ou ses préférées). Et puis, s’il y a des inconnus, on appelle les voisins pour qu’ils viennent les chercher. C’est le cas, presque tous les soirs. Dès que l’inventaire animalier est fini, les brebis partent brouter une parcelle d’herbe tandis que les agneaux filent en bergerie pour gober 400g de méteil, un complément céréalier cultivé par François sur des terres voisines. Dans ce dernier, on trouve de l’avoine, du pois et du blé.


Pour compléter, François rajoute du tourteau de lin, seul aliment qu’il ne produit pas lui-même, sur place. L’idée, c’est d’apporter l’essentiel à l’agneau de lait (qui gambade plusieurs kilomètres par jour) tout en ne le gavant pas d’un dîner qui l’éloignerait de son aliment premier : le pré-salé.

Agneau de pré-salé

Transhumance nocturne


Deux ou trois heures plus tard, à l’heure où rougit la campagne, François ramène tout ce petit monde sur l’herbus. À cet instant précis, il n’y a plus que 300 brebis (et leurs agneaux) sur le ter-ter, les siennes, car il est le seul éleveur de sa zone à les ressortir pour la nuit. Sa logique est néanmoins implacable : il élève des agneaux de pré-salé, la période estivale est douce, pourquoi ne pas optimiser le temps sur les herbus ? Tous ne peuvent pas se le permettre car certaines parcelles sont très accidentées, ponctuées de criches (sortes de chenaux) vaseuses dans lesquelles les animaux peuvent s’embourber. Et puis, agneaux et mères parcourent souvent 10 km pour aller pâturer donc le temps d’aller les chercher… Mais François a de la chance, sa zone est relativement peu escarpée alors pourquoi ne pas en profiter ?


Cette mini-transhumance nocturne, on a eu la chance de l’observer, de la vivre et de la suivre quatre soirs d’affilée. Il faut imaginer la silhouette de François devant avec son bâton, les brebis lancées derrière lui, mêlées aux agneaux qui cherchent puis retrouvent leur mère. Tout ce petit monde avance, bruyant-bêlant, mené de bon train par Roxy, l’infatigable chienne bergère, pour se mettre en route vers le Mont-Saint-Michel sur fond d’un coucher de soleil sublime. Un vrai moment de grâce.



Le contrat moral



Dans les autres choses que François ne fait pas comme tout le monde, il y a l’alimentation des brebis et c’est un bon point pour lui. Quand d’autres favorisent l’ensilage de maïs (plus simple et économique) durant la période hivernale et de mise bas, il a investi sur de plus grandes surfaces de repli (zones pour pâturer une herbe « classique » lorsque la météo, les marées ou l’approche de la mise bas ne permettent pas une sortie sur les herbus). Ces parcelles lui permettent de produire son propre foin de qualité. Chez lui, la reproduction se fait au bon moment et de la bonne manière (naturelle). Pas d’hormones, d’insémination artificielle, ou autres duperies pour brebis. L’agnelage se passe en hiver, une période où François ne chôme pas : il faut veiller les brebis, donner le biberon aux rares agneaux rejetés par leur mère, tenter de les réconcilier, etc… (en plus des prés-salés et du méteil, un agneau tête toute sa vie, soit 4 à 6 mois).


Et puis, sa réflexion se trouve dans une multitude de petits détails que nous avons eu la chance d’observer durant les quatre jours passés à ses côtés. Quand tondre les brebis pour qu’elles soient au mieux ? De l’usage des antibiotiques (très rare -pour preuve, il nous a même ouvert la trousse à pharmacie- et jamais en préventif) ? Couper la queue des agneaux (une douleur vive sur le moment mais qui évite plein de problèmes infectieux plus tard) ? La race (a priori, il aimerait s’orienter au maximum vers la Roussin de la Hague, très locale) ? Bref, François se creuse constamment la cervelle pour faire au mieux.


Ça tombe bien, nous aussi on adore creuser. Après avoir passé quatre jours chez lui, on y est pas allés par 4 chemins : quitte à faire les choses (très) bien, pourquoi ne fait-il pas partie de l’AOP - qui semble être à la fois une charte pour l’éleveur et un gage de qualité pour le consommateur ? La réponse est simple et la situation compliquée. La création de l’AOP a déchiré les éleveurs en deux clans plus ou moins distincts : l’association des «Grévin» et les AOP. Or, il s’avère que la parcelle rachetée par François n’est pas identifiée AOP (même si elle se trouve évidemment dans la zone géographique) car il est entouré d’éleveurs «Grévin». En demander la labellisation reviendrait à poser une bombe sur cet herbu où chacun cohabite, s’entraide et travaille en bonne intelligence.


François est content d’appartenir à cette asso, pour la vie en communauté d’abord, et puis pour l’appui apporté aux éleveurs. Dans un monde meilleur, il aimerait tirer tout ce petit groupe vers le haut… même si l’AOP n’est pas forcément synonyme du graal à ses yeux. Dans tous les cas, l’étiquette suprême pour lui -celle qui le guide au quotidien- c’est le contrat moral qui le lie à ses clients. Un agneau de pré-salé porte bien son nom : il est fait pour pâturer du pré-salé dès qu’il le peut ET se dépenser, lui assurant ainsi une croissance lente et une viande tendre et ferme. François tient à respecter cette promesse, intimement liée au rythme naturel de ses animaux. Chaque décision qu’il prend va donc dans ce sens-là tout en respectant une éthique environnementale et saisonnière. Ce contrat moral, François a souhaité nous recevoir chez lui pour nous le remettre en mains propres et on est extrêmement fiers et heureux de vous le garantir cette semaine.