
Il y a quatre ans, nous avions eu la chance de déguster du miel, et pas n’importe lequel. Un miel avec le genre de goût qui n’avait jamais fréquenté nos papilles. Et ce miel, on l’avait dégusté avec Thibaut, co-fondateur de la Compagnie du Miel. En plus de produire une gamme de miels exotiques -originaires de Madagascar- parmi les plus purs qui doivent exister, Thibaut et ses associés ont tenu à intégrer une véritable dimension sociale et éco-responsable.
Quelques années plus tard, Tristan a pu aller à leur rencontre à Madagascar, et confirmer au passage que leurs miels devraient fréquenter nos papilles plus souvent.
En vente sur le Club MoiChef :
Présentation du producteur :
BUTINAGE
Thibaut était mordu de Madagascar avant même de devenir fan de miel : son précédent job, pour le Groupe Casino, l’avait déjà amené à y vivre quatre ans. D’abord recruté pour y être responsable marketing et communication, il constate l’inexistence de magasins “low-cost” sur la Grande-Île.
Toujours pour le compte du Groupe, Thibaut développe alors le concept de Supermaki, une enseigne de proximité qui propose une large gamme de produits, identique à celle proposée dans les grandes surfaces….mais à un prix abordable pour la population locale. Dix-huit mois après sa création, le concept est un franc succès : 25 magasins sont répartis sur tout le territoire, permettant ainsi d’employer plus de 200 personnes.
POLLINISATION
Supermaki donne lieu à… de super découvertes gustatives, dont celle de miels d’une pureté unique. Non seulement, le climat de l’île offre des conditions idéales pour l’apiculture (quatre récoltes par an sont possibles vs deux récoltes en moyenne pour le reste du monde) mais son isolement et ces zones reculées garantissent également l’absence de pesticides. Dans ses forêts luxuriantes, Madagascar cache également des arbres mellifères uniques au monde qui permettent la récolte de miels aux saveurs prodigieuses comme le litchi, le mangrove ou le niaouli. Enfin l’île-pays fait partie des rares endroits au monde épargnés par les néonicotinoïdes, des insecticides toxiques qui touchent et déciment plus de 75% des abeilles mondiales. En somme, le miel sort tout droit de la ruche, sans ajout.
La pollinisation de l’entrepreneuriat démarre ainsi pour Thibaut qui voit là une opportunité de valoriser ce précieux nectar, et de donner à son miel sa juste place et surtout son juste prix. La Compagnie du miel voit le jour et se met à vendre du miel haut de gamme en Europe à destination des épiceries fines (Épices Roellinger, La Grande Épicerie), hôtels et restaurants étoilés. Les bénéfices sont réinvestis pour faire vivre les paysans malgaches et les apiculteurs locaux. Ils bénéficient ainsi d’une première formation puis d’un accompagnement quotidien avec Gaël, Haingo et Olivier, les trois associés de Thibaut, qui vivent à Madagascar.
Tous trois ont un parcours assez atypique : le premier est un ancien de MSF avec de nombreuses missions en Afrique à son actif, le second consultant dans l’environnement et le dernier est un entrepreneur qui a notamment monté une entreprise de micro-crédits. Tous les quatre sont des amoureux de Madagascar et de sa biodiversité exceptionnelle… mais menacée. Le projet est rapidement soutenu par des organisations internationales : au total, près de 80 apiculteurs combinent leur travail quotidien à la récolte du miel.

RÉCOLTE
Et le modèle social fonctionne, augmentant ainsi le pouvoir d’achat et la croissance locale : “avec 20 ruches, un apiculteur vit au-dessus du seuil de pauvreté. Avec 100 ruches, il rentre dans la classe moyenne”. Et le cercle vertueux ne s’arrête pas là : la Compagnie sensibilise les paysans à l’importance de la pollinisation pour le maintien de sa biodiversité, souvent confrontée aux feux de brousse dus à l’agriculture sur brûlis. Ce défrichage des champs par le feu - et le charbonnage- sont aujourd’hui les principales causes de la déforestation en Afrique. Car -faute d’alternatives économiques- la forêt est bien souvent la seule ressource disponible aux plus pauvres pour survivre. L’augmentation de la température et la croissance des sécheresses ne font qu’encourager ce phénomène désastreux ; et dans le cas de Madagascar -qui regorge d’espèces végétales et animales endémiques- c’est une véritable catastrophe en devenir dont il faut s’emparer.
La Compagnie du Miel a fait le choix d’intégrer cet écosystème et propose l’apiculture comme source de revenu alternative, une activité particulièrement adaptée à ces zones généralement isolées. Elle favorise la création d’emplois durables, contribue à soigner les hommes et protège ce qu’il reste de la forêt. En gagnant mieux leur vie, les apiculteurs nouvellement formés protègent leur forêt qui devient une ressource durable. Protéger la biodiversité devient ainsi plus intéressant que de la détruire et cette protection se transforme en cause : ils vont en devenir les gardiens.
Par ailleurs, le miel est récolté de manière artisanale, dans un environnement isolé, totalement préservé et répondant aux critères imposés par l’Union européenne. Une production contrôlée qui se traduit par une traçabilité rigoureuse : chaque sceau de miel est ainsi numéroté et le traitement de son contenu est réalisé sans chauffage ni ajout et contribue ainsi à la production d’un miel irréprochable. Analysé par un laboratoire indépendant (Institut Pasteur et CARI), des analyses du miel sont disponibles à la demande.